La symphonie de L’Un

La Partition divine

Imaginons — l’espace d’un souffle suspendu — que la Réalité ne soit ni matière, ni temps, ni lieu, mais une Intelligence sans bord, sans dehors, sans commencement.

Pas de contour pour la limiter, pas de frontière pour la définir, pas même l’écho d’un autre pour Lui répondre.

Seulement Cela : une Présence sans dimension, donc infinie, sans âge, donc éternelle, si intimement une avec elle-même qu’elle ne connaît que son propre visage, si accordée à elle-même qu’elle ne chante que son propre nom.

Elle n’a rien à rencontrer, car rien ne lui est étranger.

Elle Est — l’Être pur, le Silence qui enfante les mondes, la Source sans source d’où jaillit l’idée même d’exister.

Elle est vide d’objets, et pourtant, Elle n’est pas le Néant stérile.

Elle est le Vide fécond, le Mouvement infini qui danse au cœur de son immobilité.

Lumière consciente d’elle-même, s’éclairant elle-même, Elle ondule en son propre sein : un frémissement originel, une onde quantique sans commencement ni fin, créant son propre espace vibrant, un souffle qui n’a besoin d’aucun but pour que l’existence s’éveille.

 

Le Jeu sacré de l’Absolu

Par un élan plus vieux que le désir, par un souffle qui précède le premier mot, pour une raison qui n’est pas encore née, car le temps n’a pas commencé, l’Absolu se met à rêver.

Son rêve n’est pas une pensée, mais une symphonie universelle — un jeu divin où chaque étoile, chaque loi, chaque destin n’est qu’un éclat de Sa lumière, de Sa mélodie.

Il invente le temps comme une portée, il déploie l’espace comme une gamme, pour que la Totalité puisse s’entendre chanter en chaque atome, en chaque silence, en chaque vie — une fractale musicale où l’infini se reflète dans l’infini.

Les règles ? Des harmonies secrètes, des équations tissées dans le vide, des lois qui transforment l’indicible en visible. Sans elles, pas de rythme, pas de trame, pas de drame, pas de tension pour résoudre, pas d’histoire pour vibrer.

Alors l’Un se fragmente en miroirs: des avatars, notes éphémères de Son chant unique, des regards perdus dans le temps, des fenêtres ouvertes sur l’infini.

Chacun de ces regards s’éveille en murmurant : « Je suis ».

Mais la lucarne par laquelle ils voient ? C’est Lui.

La voix qui chante en eux ? C’est toujours Lui.

Un seul Compositeur, mille instruments. Même Joueur, infinies formes.

Ce « Je suis » si intime qui vibre en chaque cœur, n’est que l’écho de Son propre Nom, de Son propre chant.

Un fil d’Ariane qui les relie à la Source commune.

 

L’Un qui se rêve à lui-même

Comme un rêveur invente des paysages au creux de son sommeil, chaque regard découpe l’indivisible.

Il filtre la lumière blanche de l’Absolu, la brise en couleurs, en formes, en « moi » et en « toi », faisant croire à la séparation, à la dualité.

Pourtant, quand un regard effleure une étoile, quand une main caresse une pierre, c’est le cosmos entier qui se touche lui-même.

Comme un rêveur surpris par son propre rêve, Il crée le mystère, l’inattendu, la surprise.

Il crée la différence dans l’Espace, le changement dans le Temps.

Chaque fois qu’un regard se pose, l’onde cosmique s’effondre en particules virtuelles, une scène se matérialise. Cette actualisation résonne alors dans tout l’univers, permettant la cohérence de ce monde partagé.

Le monde ? Un mirage qui n’existe que là où il regardé, comme un décor de jeu qui se matérialise au pas du voyageur. Une création de l’instant, miroir éphémère de l’Absolu où domine l’inconnu.

L’inconnu ? Un potentiel endormi, attendant son tour dans l’ombre de la Conscience.

Le passé n’a jamais été, le futur ne sera pas, l’Éternel présent ne dure pas. Il Est — incluant tous les univers, tous les temps, toutes les possibilités.

 

L’Oubli et le Souvenir

Dans ce jeu, l’avatar s’endort à son propre rôle, une nécessité, un besoin d’authenticité.

Il oublie qu’il est une note dans une mélodie sans fin, un reflet dans le miroir brisé de Dieu.

Il se prend pour son costume, pour son nom, pour ses blessures, pour cette ombre mouvante qu’il appelle « moi ».

Ce choix a une conséquence, elle s’appelle souffrance. Une ignorance pour celui qui croit savoir, un problème pour celui qui croit aux solutions.

Mais écoute : le battement qui soulève ta poitrine, la pensée qui traverse ton silence, le désir qui te pousse en avant — ce n’est pas toi. C’est Lui. L’Océan jouant à être une vague, l’Éclair s’amusant à devenir foudre, l’Éternel savourant l’instant.

L’Absolu qui goûte au relatif, l’Unité qui se délecte de la dualité.

Un choix éclairé.

Un jeu divin où la Conscience s’amuse et s’enivre de ses propres modulations.

Sans oubli, où serait le mystère ? Où serait la surprise ?

Où serait la Joie ?  Cette Paix en mouvement qui s’exprime, se répand, et découvre sa propre complétude.

 

Le Réveil dans le rêve

Nous sommes les mille visages d’un seul Visage, les masques changeants d’une seule Réalité.

Derrière la comédie des formes, Elle se tient, toujours là, toujours Une : l’Un qui feint d’être deux pour le plaisir de se retrouver, l’Absolu qui s’émerveille de ses propres limites, le Silence qui murmure à travers nos voix.

Et quand un avatar se souvient — ne serait-ce qu’un instant — que le rêveur et le rêve ne font qu’un, alors le jeu devient sacré.

Car jouer en sachant qu’on joue, c’est cela, la liberté.

Mais liberté pour qui ?

Pour Lui, toujours libre, cela n’a aucune importance.

Il est l ’Eternel « OUI » avant le premier « pourquoi ».

Et pour que le jeu continue, pour que le jeu soit jeu, l’oubli doit revenir, dans un incessant va-et-vient, comme une vague qui s’étend et se retire dans un Océan de béatitude.

Et la musique danse, toujours, entre souvenir et oubli, entre note et silence, — éternellement.

 A propos de Cyril

De formation scientifique (Ingénieur télécom et titulaire d’un DEA de maths), Cyril Castaing qui a débuté la méditation il y a 30 ans, d’abord avec  le  Bouddhisme Zen, puis avec différents enseignants de l’Advaïta Vedanta. (Pour plus de précisions, voir ici)

Il pratique aussi une forme de zen shiatsu depuis 1999 (Certification européenne du Iokaï Shiatsu), une technique de soin apprise auprès de différents maîtres japonais, notamment à Tokyo où il a vécu plusieurs années.

Pour en savoir plus sur son approche et son parcours.

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